Bi-Gu : Pour la prévention et la longévité

L’alimentation thérapeutique chinoise possède de nombreux concepts intéressants, dont BI-GU. Dans cet article, je démystifierai ce concept en vous parlant de sa définition, son histoire ainsi que ses effets. 

Qu’est-ce que Bi-Gu?

En chinois, « Bi » signifie arrêter, bloquer ou éviter, et « Gu » signifie repas ou grain, y comprisle riz, le maïs ou le blé. Ici, se remettre dans le contexte de l’époque où l’homme en chine était principalement cultivateur de blé ou de riz, plus rarement chasseur réservé aux classes les plus aisées et le repas était facilement associé aux céréales faciles à se procurer plutôt que la viande mais « Gu » peut être compris par repas également.

Par conséquent, Bi-Gu signifie éviter les céréales ou arrêter de manger tout simplement. Les premières références textuelles pour Bi-Gu se trouvent dans les classiques chinois de la période des Royaumes combattants (475 à 221 avant notre ère), la dynastie Qin (221 avant notre ère – 206 avant notre ère) et la dynastie des Han (206 avant notre ère – 220 après JC).

Notamment une des plus anciennes descriptions de Bi-Gu a été trouvée dans des rouleaux de soie de la dynastie des Han de l’ouest (206 av. J.-C. – 24 après JC), découverts dans des tombes de Changsha, en Chine, à Mangwnagdui.

Les types de Bi-Gu

Le premier rouleau contenait plus de quarante diagrammes et descriptions d’exercices de Dao Yin, une forme précoce de Qigong.

Le deuxième rouleau décrivait Bi-Gu comme « Abandonnant le repas, et/ou les céréales GU et Prenant le temps de jeûner ». Ainsi, Bi-Gu était une pratique disant de s’abstenir de manger de la nourriture et/ou des glucides.

En termes de degré d’implication, il existe deux types de Bi-Gu :

  • Le Bi-Gu complet (comprenez par la jeûne hydrique) et le Bi-Gu partiel (soit un jeûne intermittent ou/et sans glucides).
    Dans le Bi-Gu complet, une personne boit une bonne quantité d’eau non pollué et légérement saline sans aucun aliment pendant plusieurs jours.
  • Le Bi-Gu partiel. Dans le Bi-Gu partiel, il y a une petite consommation de nourriture comme des noix et des huiles pressées ou des décoctions de plantes médicinales et/ou d’os d’animaux. – traditionnellement appelée «Fu Er Bi Gu» – jeûnant avec « une pilule » (comprenez avec aide).

 

En Chine, certaines personnes, souvent des prêtres taoïstes, vivent dans un État de Bi-Gu depuis des années. Une caractéristique importante du jeûne Bi-Gu est que l’état général du praticien s’améliore au lieu de s’affaiblir (1).

Récemment, des scientifiques occidentaux se sont intéressés à Bi-Gu, comme en témoignent plus de 500 participants et une centaine de communications lors d’une conférence à l’Université de Penn State en 2000. 

Comment atteindre Bi-Gu?

L’histoire chinoise indique qu’il existe de nombreuses façons d’atteindre Bi-Gu. La plupart des styles de Qigong ont leur propre méthode pour entrer dans un état de Bi-Gu. De nombreuses techniques sont originaires du taoïsme dans différents temples.

Les taoïstes croyaient fermement que pour cultiver la longévité, il fallait suivre la nature et mangeaient donc quand ils avaient faim à satiété, en ”sentant” de quels aliments ils avaient besoin, et buvaient quand ils avaient soif de l’eau pur. Ainsi, ils n’ont pas forcé la création d’un état de Bi-Gu. Ils étaient à l’écoute de leur corps constamment.

Il existe d’anciens documents chinois contenant des formules à base de plantes pour Bi-Gu. La consommation de nourriture a été progressivement réduite et les herbes ont été prises à la place. Des gens ont atteint Bi-Gu en moins de dix jours à un mois (production de corps cétoniques).

L’ambition des bouddhistes était de devenir un bouddha et ils avaient leur propre forme de Qigong pour y parvenir. Les bouddhistes étaient plus entraînés dans l’utilisation de leurs esprits. S’ils se sentaient affamés dans un pré état de Bi-Gu, ils le subiraient jusqu’à ce que leur faim disparaisse et qu’ils entrent en Bi-Gu.

 

Usages de Bi-Gu

Dans la Chine très ancienne, Bi-Gu était principalement utilisé à des fins religieuses et par les artistes martiaux, qui se retiraient pour perfectionner leur art et découvrir de nouvelles méthodes.

La nourriture était rare et ils ne voulaient pas perdre leur temps à la chercher. Par conséquent, ils ont probablement pratiqué Bi-Gu naturellement. Le plus célèbre est peut-être Bodhidharma, le patriarche du bouddhisme zen en Chine et le fondateur de Shaolin Kung Fu.

Il aurait médité pendant 9 ans face à un mur dans une grotte près du temple Shaolin dans la province de He Nan.

Les pratiquants de gym taoïste (que nous appelons aujourd’hui le Qigong) ont également utilisé Bi-gu pour préserver leur énergie vitale et leur permettre d’atteindre rapidement un niveau de culture du QI plus élevé.

Il n’y a pas d’antécédents d’utilisation de Bi-Gu pour la perte de poids dans la Chine ancienne. La raison pourrait en être qu’il n’y avait pas un pourcentage aussi élevé d’obèses que à l’époque moderne. Les gens faisaient plus de travail physique et mangeaient des aliments plus gras, moins de glucides raffinées et aucun aliment industriel . Bi-Gu est récemment devenu populaire pour la perte de poids (4), (5); (6). Vous n’avez pas à vous soucier de compter les calories, de choisir et de préparer un repas, ni de faire des exercices épuisants.

Ensuite, pour certaines applications médicales de Bi-Gu, il existe des différences d’opinion sur son application. Certains praticiens pensent que Bi-Gu ne devrait pas être utilisé chez les enfants, car ils connaissent une croissance intense et que toute pénurie d’éléments nutritifs peut être préjudiciable. Les adultes ayant une constitution faible sont également exclus (1) et d’ autres méthodes de médecine chinoise sont utilisées.

D’autres appliquent Bi-Gu pour compléter le traitement du cancer, certaines améliorations de leur état physiologique ayant lieu pendant la période de Bi-Gu sont notable. Cependant, le Qigong Thérapeutique donné par un praticien sur un patient et d’autres méthodes sont utilisés pour améliorer leur santé avec Bi-Gu également.

Le yoga (méditation, respiration et étirement) sert à réduire le stress. Les essais cliniques ont montré que ce programme est efficace (7). Bien qu’il n’y ait pas eu d’essais cliniques à grande échelle.

 

Effets possibles de Bi-Gu

Les résultats préliminaires indiquent que le programme de Ornish est également efficace pour aider à traiter le cancer de la prostate (8). Par conséquent, Bi-Gu devrait également être efficace. Cette hypothèse est renforcée par le résultat cité en (9). Un homme de 58 ans avait un PSA de 11 . Il est passé à 12 après le décès de sa mère. Son urologue a suspecté un cancer et a suggéré une biopsie. Après avoir pratiqué Bigu, son PSA était de 4, ce qui est dans les limites normales, et la biopsie était négative. Son médecin n’avait aucune explication médicale occidentale de ce résultat.

Au cours du séminaire de Qigong intensif (9), qui comprenait Bi-Gu, le même patient a également perdu 20 kg et sa tension artérielle est passée de 220/110 avec un traitement à 120/75 sans traitement (ceci s’est produit dans les 2 semaines). Son pouls au repos est passé de 88 battements par minute à 68 battements par minute le matin et à 55 battements par minute le soir après son travail régulier.

L’œdème dans ses jambes est parti. Son allergie et son asthme ont disparu, même si l’atelier avait lieu au printemps – la pire période de l’année pour un patient souffrant d’allergies. Ces résultats suggèrent que Bi-Gu devrait être essayé pour le traitement de l’hypertension, des problèmes cardiovasculaires, des allergies et de l’asthme.

Après Bi-Gu, certaines personnes paraissent plus jeunes: leurs cheveux s’assombrissent, leurs cicatrices sont moins visibles et leur peau est plus douce et plus lisse. Ce n’est pas seulement leur imagination, mais le Qigong et l’état de Bi-Gu améliorent la libre circulation du Qi ou de la bioélectricité, ce qui améliore leur métabolisme.

Des chercheurs ont vérifié à maintes reprises, sur de nombreux animaux, que la restriction calorique produit un rajeunissement. En 1935, le professeur Clive McCay, nutritionniste à Cornell, donna à manger à des rats de laboratoire environ les deux tiers de la nourriture, de façon intermittente, qu’ils auraient librement choisie. Il a découvert que leur durée de vie avait augmenté de 40 à 50%. Un biologiste russe a cessé de nourrir 1000 poules âgées pendant une semaine, puis a recommencé à les nourrir. Au bout d’un mois, ils ont commencé à faire pousser de nouvelles plumes et certaines ont recommencé à pondre. Les poules restreintes en calories de façon intermittente vivaient trois fois plus longtemps que le groupe témoin de poules nourries chaque jour(6).

Barbara Hansen, chercheuse en diabète à l’Université du Maryland, a passé 20 ans à étudier les effets de la restriction calorique glucidique sur les singes rhésus. Les vieux singes restreints en calories de façon intermittente ne souffraient pas de maladie cardiaque, de diabète ni d’hypertension, et leur taux de cholestérol était plus bas. Ils étaient en meilleure santé que les vieux singes qui mangeaient ce qu’ils voulaient.

Ses chercheurs pensent que la semi-famine (Jeûne intermittent) peut rendre les processus métaboliques plus efficaces, en produisant moins de radicaux libres et peut-être en renforçant les systèmes de réparation de l’ADN des cellules.

Il a également été signalé que Bi-Gu pourrait être utilisé comme thérapie supplémentaire pour limiter la croissance du cancer et renforcer le système
immunitaire (10). Cependant, il y a généralement un manque d’études et de preuves dans ce domaine pour une application clinique.

Une conférence sur Bi-Gu a eu lieu en septembre 2000. Le rapport de la conférence se trouve dans (11), ainsi que le programme et les documents dans (12). Des recherches supplémentaires sur les mécanismes et les applications médicales fiables de la technique de Bi-Gu sont de plus en plus justifiées.

 

Références

1. Wang JJ. Thorough Clinical Experiment on Bigu-fasting, http://hanlin.hit.bg/bigu_eng.htm.

2. Giovanni, M. Foundations of Chinese Medicine: A Comprehensive Text for Acupuncturists and Herbalists, Churchill Livingstone, 1997.

3. Yan, X., Traynor-Kaplan, A., Li, H., Wang, J., Shen, H.; Xia, Z. Studies on the Fundamental Theory of Bigu (Food Abstinence)—Preliminary Experimental Observations of Cellular Bigu, Bulletin of Science, Technology & Society, 22 (5), 392-396 (2002).

4. Gao, G. Utilizing the Innate Self-regulatory and Self-healing Capacity on Weight Management, 1999 ISSSEEM Conference in Boulder, Co, 1999.

5. Gao, G. Bigu and Weight Loss: Qi as a Food Source, Second World Congress on Qigong, San Francisco, CA, November 1997, and Kung Fu/Qigong Magazine, November 1998.

6. Tam, T. Pi Gu – The Way of Qigong Fasting, Oriental Culture Institute Press, 1998.

7. Ornish, D. Dean Ornish’s Program for Reversing Heart Disease: The Only System Scientifically Proven to Reverse Heart Disease without Drugs or Surgery, Ivy Books, 1995.

8. Ornish, D. et al. Intensive lifestyle changes may affect the progression of prostate cancer, J. of Urology, vol. 174, 1006- 1070, 2006. 8bis: www.dietdoctor.com

9. Chen, K. and Turner, F. A case study of simultaneous recovery from multiple physical symptoms with medical qigonq therapy, J. Alternative and Complementary Medicine, Vol. 10, 2004.

10. He B. and Chen K. Integrative tumor board: advanced breast cancer — Qigong analysis, Integrative Cancer Care, 1(2): 200-202.

11. Bigu Conference Report, 2000. http://www.wholepersonhealing.org/docs/WPH/BiGu/BiGu%20conference%20report.pdf

12. Bigu Conference Program and Papers, 2000. http://www.wholepersonhealing.org/docs/WPH/BiGu/BiGu%20Program.pdf

13. Werdin, J.M. http://breatharian.info/

Autres références

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  • Campany, Robert Ford (2005), « The Meanings of Cuisines of Transcendence in Late Classical and Early Medieval China,  » T’oung Pao 91.1:1-57.
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